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Sur la route des volcans des Tonga : Traversée Tahiti – Nouvelle-Zélande (10)

La région entre les Tonga et les Fidji est une zone d’activité volcanique importante, rien qu’au Tonga de nombreuses zones sont indiquées sur les cartes marines pour le risque important qu’elles présentent pour la navigation.

Ainsi Tofua, à l’Ouest d’Ha’apai, est une île d’origine volcanique dont le cratère effondré abrite un lac d’eau douce important, et son voisin Kao, un cône volcanique émergeant à 1100 m d’altitude. Plus au sud Hunga Tonga et Hunga Ha’apai ont vu l’émergence, il y a seulement 4 ans, d’un volcan qui intéresse les chercheurs tant les épisodes de ce genre sont rares…

Tofua est aussi connue car ce fut l’un des refuges des révoltés du Bounty, mais ce qui nous intéresse particulièrement c’est la possibilité de randonner jusqu’au bord du cratère..

Nous ne pouvions rater cette opportunité et planifions donc une navigation sur ces zones. Nous avons obtenus des informations d’autres bateaux qui nous ainsi transmis les coordonnées GPS du seul point où il est « possible » de débarquer sur l’île  ainsi qu’un mouillage possible…

En navigation, nous apercevons au loin un immense panache de fumée blanche accompagnée d’une traînée plus sombre, c’est au Nord de notre route, un rapide coup d’œil sur la carte nous indique qu’il s’agit justement de l’un de ces zones d’activités volcaniques des Tonga

Un bref instant, l’idée de faire demi-tour me traverse l’esprit, mais c’est à 40 miles plus au Nord et l’activité est référencée depuis 1996…

Arrivés sur place, je repère le « spot de débarquement » pour l’annexe… les vagues déferlent alentour, une exploration préalable s’impose. Effectivement les rochers sont moins agressifs dans cette minuscule anse et avec un peu de courage ça doit être possible, par contre pas question de mouiller l’annexe…

A quelques miles au nord, Kao et ses 1100 mètres d’altitude.

Bertrand, le skipper de Mupi, n’est pas rassuré par le mouillage et préfère surveiller son bateau, c’est lui qui nous descendra sur Tofua. Hier j’ai pu glaner quelques infos supplémentaires auprès d’un des 2 voiliers déjà sur place, et un schéma du « sentier » de randonnée sur le flanc du cratère jusqu’au sommet à environ 500 m d’altitude.

Pour accoster, il faut effectivement être motivé mais c’est surtout le retour à bord de l’annexe qui m’inquiète un peu… La montée près de 2 heures et demie, nous fait traverser une zone précédemment habitée, cocotiers, petite plantation d’ananas, etc… sous un couvert d’arbres, manguiers, etc… puis avec l’altitude la végétation devient plus rase, fougères et arbustes, finalement c’est seulement la roche volcanique et ses nuances de couleur qui persiste au sommet.

Le paysage qui s’offre à nous est magique. Le temps est couvert, les nuages s’accrochent sur la face Ouest avant de dévaler les pentes intérieures du cratère, de temps en temps nous apercevons le lac intérieur d’un bleu vert incroyable, tout en bas, avec  ses îles. Devant nous, de nombreux petits cratères dont un crache encore de la fumée blanche assez épaisse. Et derrière, Kao, le cône voisin dont le sommet, habillé d’un épais manteau de nuages reste invisible.

La descente sera plus compliquée, sans boussole ni carte, nous nous égarons 2 fois et gagnons le droit de nous tracer un passage au milieu des fougères pour retrouver la voie initiale. Mais ce n’est rien en comparaison de l’embarquement dans l’annexe, le vent a forci et la houle s’est levée tandis que la marée est basse… Il faut se jeter des rochers pour monter à bord.

Arrivés à bon port, nous décidons de nous abriter sur la côte sud-Ouest de Tofua ou les images Google Earth nous laisse espérer un mouillage plus confortable. Le long de cette côte très sauvage se succèdent falaises et plages de sables noir que prend d’assaut la houle du large. Finalement, nous accrochons l’ancre avec difficulté dans 15 m d’eau pour une nuit moins agitée.

Le lendemain matin, le temps est au beau, l’occasion de sortir le drone…

Cette première découverte nous laisse espérer le meilleur pour notre second objectif, Hunga Tonga ! Mais avant  cela nous ferons une halte reposante à Kelefesia, le bijou de Ha’apai.

Le site de mouillage est entouré de récifs qui nous protègent de la houle. L’ile offre un paysage original avec ces falaises qui lui valent le surnom le petit Gibraltar… L’occasion aussi de faire un barbecue sur la plage avec 2 bateaux copains.

Le lendemain, départ vers Hunga. Au loin, nous apercevons 3 sommets, les 2 îles anciennes couvertes de végétation et au centre un paysage lunaire dont on a du mal à imaginer qu’il est bien réel.

Nous mouillons sur la côte Nord-Ouest exactement à l’endroit repéré sur Google Earth, dans un site improbable, habité par une multitude d’oiseaux, fous, sternes et frégates et nous préparons pour l’exploration.

Ce volcan est né d’une éruption sous-marine entre les îles Hunga Tonga et Hunga Ha’apai, qui a comblé la mer entre ces 2 îles donnant naissance à une île unique.

De nombreux scientifiques se sont intéressés à ce phénomène très rare, et à l’érosion de cet amoncellement de petits graviers projetés lors de l’éruption. Pour nous c’est un expérience unique que je vais vous faire partager au travers de ces photos. Il y en a beaucoup mais j’ai eu du mal à choisir lesquelles supprimer…

Tonga Archipel de Ha’apai : Traversée Tahiti – Nouvelle-Zélande (9)

Avant de quitter l’archipel de Vava’u une dernière exploration à marée basse nous aura émerveillée, le marnage ici atteint 1,2m, le récif découvre, les vagues déferle, et le paysage se transforme complètement.

Après avoir fait les formalités de sortie de l’archipel (et oui ici, on fait des papiers quand on change de groupe d’îles et pas seulement quand on entre et sort du pays…), nous voici partis vers le Sud et Ha’apai. Quelques heures de navigation avec nos nouvelles voiles et la rencontre avec un jeune fou tongien.

Les paysages sont totalement différents et plus proches des Tuamotus, atols et récifs coralliens, cocotiers… Mais c’est beaucoup plus dangereux, de nombreuses patates de corail, des récifs mal cartographiés, etc… navigation de nuit réservée aux téméraires et de jour, soleil dans le dos pour scruter l’eau à l’avant du bateau… Nous atterrissons au nord de la ville principale, Panga’i, sur l’île Nukuniamo, des fonds magnifiques constitués de plateaux coralliens que séparent des canyons de 5 à 6m  de profondeur, les coraux sont superbes et la faune pléthorique.

L’îlot est ceinturé par un plage de sable blanc que survolent nombre d’oiseaux et quelques chauve-souris de grande taille les « flying foxes » !

Nous explorerons ainsi l’archipel de Ha’apai pour terminer au mouillage du village de Uhia au sud de Panga’i. C’est marée basse et  un cordon de sable relie Uhia à l’île voisine.

Sur la plage qui longe le côté lagon d’Uhia, des barques à passager sont mouillées, longues et basses sur l’eau, souvent surchargées, elles restent le seul moyen de communication avec la ville principale.

Il est 15 heures quand nous entrons dans le village, tout le monde fait la sieste, même les cochons…

Au centre du village, un ancien lieu de culte abritent des tombes royales. Tout autour sont rassemblées les tombes de lignée moins royale des ex-habitants de Uhia.

Peu à peu le village reprend vie. Les habitants que nous croisons sont tous habillés de noir et nous renvoient nos bonjours amicalement. Ici aussi la ferveur catholique se traduit par la présence de nombreuses églises… Mais le cyclone Gita de 2018 a laissé des traces irrémédiables, la plupart des édifices sont dévastés, les cloches ont parfois été replacées dans des clochers de fortune, les habitations aussi portent les traces du passage de l’ouragan. De nombreuses petites maisons préfabriquées côtoient les anciennes habitations en bois partiellement ou totalement détruites.

Demain nous serons de nouveau à Panga’i pour la clearance de sortie cette fois, une fenêtre météo favorable s’annonce dans quelques jours pour la traverse vers la Nouvelle-Zélande…