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Turquie : de Fethiye à Bodrum
En route pour Fethiye où Paul va me rejoindre pour 2 semaines, Cat’Leya mouille dans la jolie baie de Karacaoren.
De nombreux voiliers sont déjà amarrés, un « rallye » organisé par une société russe, il faut dire que la communauté russe est très importante en Turquie (de même que la communauté britannique…) compte-tenu de la guerre conte l’Ukraine qui fait des Russes des « personæ non gratae » en Europe.
Me voici donc avec un équipier, Paul. Fethiye et Gocek se situent dans la même baie très touristique et si propice à la voile… Mais avant, nous décidons d’aller explorer les alentours de Fethiye et notamment la ville fantôme de Kayakoy… Ce village abritait une communauté grecque et portait d’ailleurs un nom grec, Karmylassos.
Conséquence de la guerre d’indépendance turque (et du traité de Lausanne 1923), la majorité des chrétiens orthodoxes d’Anatolie furent contraints d’émigrer vers la Grèce tandis que les musulmans de Grèce furent expulsés vers la Turquie… Aujourd’hui, ce sont 4000 maisons de pierre abandonnés qui témoignent de ce désastre, maisons qui durent plus tard faire face à un séisme important en 1957.
Puis nous quittons Fethiye pour les magnifiques mouillages au Sud-Ouest de Gocek.
Seagull Bay, qui doit son nom à une sculpture en forme de mouette à terre est peu usitée à cette période de l’année et on peut y randonner jusqu’aux ruines et tombes lyciennes.
Mouillage à la Méditerranéenne, par 30m avec 2 lignes amarrées à terre.
La randonnée est l’occasion de rencontrer les espèces communes de plantes méditerranéennes,
mais également des chèvres et des tortues de terre,
avant d’atteindre les tombes lyciennes… et un WC à la turque…
Après quelques jours dans ces mouillages paradisiaques, il est temps de partir vers l’Ouest…
Nous nous arrêtons dans la baie de Dalyan pour ne pas manquer les fameuses tombes sculptées dans les falaises de Dalyan. Nous remontons la rivière en annexe et parvenons bientôt au pied de ces tombes fantastiques.
De très nombreux navires militaires croisent au large, il s’agit de l’une des plus importantes démonstrations de force de la Turquie dans l’Est Méditerranéen, la baie suivante est interdite d’accès mais il nous faudra une autorisation par VHF pour aller vers l’Ouest… Hier déjà, nous avons été autorisés à naviguer vers Daylan à condition de rester très près de la côte et on nous prévenu à plusieurs reprises que c’était dangereux, les garde-côtes nous ont même rappeler et « escorter » pendant un petit moment… Heureusement aujourd’hui, c’est Dimanche, et on ne se bat pas le Dimanche… La route est ouverte vers l’Ouest ! Mais auparavant, je veux faire une halte à Bozuk Buku où se trouve une ancienne citadelle
(Loryma) très bien conservée… Cat’Leya va se blottir tout au fond de la baie.
Nous partons randonner vers la citadelle de près de 2000 ans aux dimensions impressionnantes.
Le lendemain nous partons dans la direction opposée au milieu des oliviers et des chèvres…
Finalement, nous quittons Bozuk Buku et décidons de traverser la baie en passant en territoire grec entre les 2 parties de l’île Simi Nord et Sud… pour Knidos.
Cette ancienne cité connut ses heures de gloire car sa situation permettait aux bateaux de faire une halte dans un port naturel bien protégé en attendant des conditions de navigation plus propices…
Le lendemain, nous arrivons à Bodrum et ses touristes… Paul devant me quitter, j’ai interrogé la marina pour une place, RECORD ABSOLU à ce jour avec 750 Euros pour une nuit ! Le mouillage c’est bien aussi…
Nous irons visiter le château St Jean ancienne forteresse des croisés.
Turquie : Kàs et la côte lycienne
4 miles séparent Kastellhorizo de Kàs, mon agent m’a donné rendez-vous au port sur le quai des douanes à 10h30 et suis un peu inquiet au sujet des formalités vu l’accueil grec…
A l’heure dite, je me présente au quai et fait ma manoeuvre. En 5 minutes les formalités sont finies, les policiers m’autorisent même à rester jusqu’à 3 heures et à utiliser l’eau pour rincer le bateau, ma pompe de lavage de pont n’est toujours pas réparée…
Quelques courses dans la ville fort charmante de Kàs et je me vais dans la baie voisine me mettre au mouillage de fort bonne humeur compte-tenu de l’accueil turc !
10 miles à l’Est de Kàs, Kekova est un site très protégé et sauvage très pratiqué par les voiliers et les charters turcs. Je me dirige vers Polemos Buku, la baie la plus a l’Ouest proégé par l’île Kekova Adasi. En cette saison, il n’y a pas grand monde et je peux profiter pleinement des la nature alentour et de petites randonnées dans les oliviers…
Un restaurant turc au fond de la baie me servira un plat de boulettes de viande et une belle salade au dîner.
Le lendemain je pars vers Kale Koy, c’est un petit village sur lequel se trouve une forteresse de croisés. Dans l’enceinte du fort, un théâtre antique taillé dans la roche et tout autour, le mur d’enceinte de l’ancien village.
Des tombes lyciennes bordent le rivage a l’Est du village. Plus au Nord c’est une ancienne cité, Simena, qui se trouve submergée par la mer suite à de nombreux séismes.
Kastellhorizo, un vrai décor de cinéma !
Enfin un épisode de flux d’Est propice à mon départ de Chypre pour la Turquie !
Un peu plus de 200 miles à parcourir dont le tiers final se fera au bon plein sous 30 nœuds… autant dire que Cat’Leya ne traîne pas… Le soleil va se coucher, je décide donc de faire un stop sur une petite île grecque à quelques miles de ma destination turque, Kàs, dont les photos entrevues sur la toile m’ont vraiment fait penser à des cartes postales…
Le village est blotti au fond d’une baie, véritable port naturel , et je me dirige vers le site de mouillage indiqué sur la carte marine. Il est tard et je décide donc de ne contacter les autorités que le lendemain matin, j’ai tout de même envoyé mon drapeau de quarantaine au cas où; je suis européen et j’arrive de Chypre, cela ne devrait pas poser de problème…
L’accueil des autorités est pour le moins « froid », on me reproche de ne pas avoir contacter le maitre de port à la radio, de ne pas m’être amarré au quai (de nuit sans personne pour prendre mes amarres cela me paraissait un peu compliqué…) puis on me demande mon certificat d’assurance et mon permis de voile (par contre ma « clearance » de Chypre ne les intéresse pas…). Après avoir fourni les documents, je suis finalement conduit au poste de police pour les vérifications d’immigration… Le temps passe, il est 19 heures, et quand je reviens à bord, ce sont des rafales de vent à 27 nœuds qui m’accueillent, il fait nuit, personne sur le quai… Je contacte le bureau du maitre de port par radio et lui indique que, vues les conditions météo, je ne pourrais m’amarrer au quai que le lendemain matin… Il me répond que ce n’est pas possible car demain un ferry doit venir et qu’il me faut déplacer le bateau immédiatement ! Le dialogue de sourd se poursuit jusqu’à ce qu’il convienne du fait que le ferry n’arrivera que l’après-midi…
L’épisode de bienvenue à la grecque se poursuit le lendemain matin, un policier m’interpelle du quai exigeant ma manoeuvre d’amarrage sans délai, avec un ton digne d’un bof s’adressant à son chien… Lorsque j’arrive à quelques mètres du quai, avec du vent de travers, je lui lance une amarre; il la regarde, ne la saisis pas et me dit « c’est pas une marina ici ! » Je lui explique que dans ce cas, je vais reprendre mon mouillage… BIENVENUE EN GRÈCE ! Finalement après quelques palabres un peu bruyantes et des noms d’oiseau, tout rentre dans l’ordre mais la maitre de port vient en plus me sermonner… L’histoire se répètera le lendemain où, alors que viens aider un autre voilier mené en solitaire qui me sollicite, je me fais littéralement engueuler car je fais le boulot de l’agent… C’était donc ça le fin mot de l’histoire !
Les jours suivants, je me tiens bien éloignés des uniformes et peut ainsi jouir du village aux maisons trop propres et aux couleurs trop vives pour être d’époque… Kastellhorizo a d’ailleurs servi de lieu de tournage au film italien Mediterraneo réalisé par Gabriele Salvatores en 1991. Le village a en fait été quasiment détruit durant la seconde guerre mondiale par l’explosion d’un stock d’essence, et a été reconstruit partiellement par la suite.
Ceci étant, l’île est très photogénique…
Et il y a même de vrais pêcheurs…
… qui, le week-end venu, se transforment en « promène-couillons ».
La Méditerranée orientale : Chypre
Première escale en Méditerranée, Chypre et la marina de Larnaca.
Même en cette saison, l’endroit est fréquenté par les touristes (ce sont les vacances de Pâques…) mais, selon le loueur de voiture, ce n’est rien par rapport à l’été…
Pourtant l’île est divisée en 2 depuis l’invasion du nord par la Turquie en 1974. La République de Chypre, c’est-à-dire la partie Sud de l’île où vivent les chypriotes grecs, fait partie de l’UE depuis 2004.
Après avoir obtenu son indépendance du Royaume-uni en 1960, par un traité garanti par la Grèce et la Turquie, le pays doit faire face à des affrontements entre des mouvements issus des milieux nationalistes grecs dont l’ambition finale est l’unification avec la Grèce, et la minorité turque ( qui compte quand même 18% de la population…). L’avènement de la dictature des colonels en Grèce est l’étincelle qui provoque en 1974 un coup d’état militaire de la garde Nationale Chypriote, soutenu par le nouveau pouvoir grec. Prétextant la protection des minorités turques du Nord, la Turquie intervient militairement quelques jours plus tard et occupe 38% du territoire. Malheureusement, 200000 chypriotes « grecs »du Nord sont contraints à l’exode vers le sud, chassés par la Turquie. Les diverses tentatives de résolution du conflit n’ont jamais abouti. Seule la demande de la Turquie d’adhésion à l’UE, qui impose le retrait de celle-ci de Chypre, laisse une lueur d’espoir aux chypriotes; car même la communauté du Nord semble souhaiter cette réunification…
Pour ma part, ce séjour est l’occasion de renouer avec l’histoire et les nombreux vestiges archéologiques de l’île.
Les principaux sites se trouvent sur la côte Ouest autour de Pafos, les tombes des rois (3ème s. av. J.C.),
la cité de Nea Pafos (3ème s. av. J.C.) où l’on peut admirer de nombreuses mosaïques des maisons de Dionysos, d’Orphée, de la villa de Thésée, ou la maison d’Aion,
ainsi que les vestiges du théâtre de l’Agora, etc…
la cité de Palaepafos, lieu de culte dévolu à la grande Déesse de la fertilité et où se trouve la Sanctuaire d’Aphrodite,
et au sud autour de Limassol, Kourion dont les principaux vestiges datent du 4ème s. av. J.C., la maison d’Achillées, l’Agora, la maison des gladiateurs, le Théâtre, les bains et le complexe d’Eustolios.
Situé à l’intérieur des terres et en altitude dans les montagnes de Trodoos, Lefkara, est un village aux traditions artisanales, broderie et orfèvrerie. C’est aussi l’occasion de visiter une église orthodoxe et son faste doré…
Suakin la vidéo
Une fin de tour du Monde difficile…
Cette période fut exceptionnelle pour les tour-mondistes…
Frappés par l’épidémie de COVID dès 2020, certains rentrèrent dans leur pays d’origine, laissant leur voiliers dans un pays lointain, sans aucune garantie sur le délai avant retour à leur vie nomade.
Les plus chanceux, et ce fût le cas pour Cat’Leya, restèrent à l’affût d’opportunités de navigation… Ainsi en Juin 2020, nous pûmes quitter la nouvelle-Zélande pour les Fidji, et profiter ainsi de rivages magnifiques sans l’afflux de touristes… La plupart des non néo-zélandais ne purent malheureusement pas revenir en Nouvelle-Zélande, et après avoir essuyer leur premier cyclone, obtinrent leur sésame pour l’Australie, continuant ainsi leur périple vers l’Ouest.
Cat’Leya a pu bénéficier d’une exemption (comme les néo-zélandais) et ainsi préparer un exceptionnel tour des 2 îles de la Nouvelle-Zélande avec notamment la découverte du Fiordland, de Stewart island par 27 degrés de latitude sud, et de la côte Est de l’île du sud, le tout dans un épisode La Nina favorable à de telles navigations.
Mais, fin 2023, alors que nous reprenons notre route vers l’Ouest, bien décidés à fêter nos 8 années de navigation en Méditerranée, le conflit entre Israël et le Hamas entre dans un nouvelle phase meurtrière et se répand en Mer Rouge et dans le Nord de l’océan Indien, par l’intermédiaire du mouvement Houthi du Yémen qui cible le trafic maritime. Ainsi, depuis le 1er janvier 2024, ce sont 64 évènements liés à de telles attaques qui sont recensés par la Marine Nationale française dans le secteur ! Tandis que les actes de piraterie d’origine somalienne se multiplient bénéficiant de la mobilisation des forces armées présentes sur la zone contre les attaques Houties… Il y a de quoi faire réfléchir les plus braves des voileux…
A bord de Cat’Leya, l’attente est de mise pour avoir plus de recul sur ces évènements, et ainsi nous nous engageons opportunément dans un périple de découverte des Maldives, quitte à ne pas bénéficier de conditions météo aussi favorables dans la moitié Nord de la Mer Rouge.
D’autres, prennent l’option Afrique du Sud, mais la plupart décident de rester une saison de plus dans le Sud-Est asiatique.
Début Mars, décision est prise de partir, quelques voiliers ont atteint Port Suez, les marines de nombreux pays se sont mobilisées pour garantir la liberté de navigation en Mer Rouge, et les Houthies semblent viser les navire marchands et particulièrement ceux de pays qu’ils considèrent comme traditionnellement ennemis, israéliens, américains, puis britanniques, ainsi que ceux à destination d’Israël. Ceci étant, nous savons que le risque existe et que les compagnies d’assurance ne garantissent pas les risques de guerre… Je « recrute »un équipier, Mladen originaire de Croatie, car dans ces conditions, une veille de nuit permanente est indispensable.
Selon Captain Heebi, l’un des agents les plus mobilisés pour les voiliers au canal de Suez, à fin mars 2024, 10 voiliers étaient arrivés à Port Suez, le premier étant Monster Project, un Volvo open 70, en Janvier.
La première étape est de s’enregistrer auprès des organismes militaires, Mica-Center en France, MSCHOA (Maritime Security Centre – Horn of Africa) qui coordonne les forces navales européennes, UKMTO (United Kingdom Maritime Trade Operations), et de suivre les consignes (rapport de position quotidien par courriel, ce qui bien sûr signifie moyen de communication à bord). Cat’Leya, comme nombre de tour-mondistes a succombé à la « mode » Starlink, et c’est un outil fantastique (nous en avons même un second en rechange) aussi bien en communication que pour télécharger des images satellites…
Le voyage comprend 2 étapes :
- Maldives – Djibouti, il faut rejoindre tout d’abord le rail IRTC (Internationally Recommended Transit Corridor) qui longe la côte Sud d’Oman puis le Yemen et dont l’entrée se situe au Nord de Socotra, et traverser le redouté Golfe d’Aden, 1280 miles environ,
- Djibouti – Port Suez, la partie la plus à risque, avec en particulier, le passage du détroit de Bal El Mandeb, d’à peine 10 miles de large, à l’entrée de la Mer Rouge, rester sur le rail de navigation tout en évitant les eaux territoriales d’Érythrée, où semble-t-il, les gardes-côtes font du zèle avec les voiliers trop téméraires, puis 70 miles plus au Nord passer les îles Hanish. Une fois atteinte la latitude de la frontière Sud de l’Arabie Saoudite, on peut se considérer sorti d’affaires jusqu’`a Port Suez, 1250 miles environ.
Pour mémoire une traversée Cap-Vert Martinique c’est environ 2200 Miles… C’est donc un passage sérieux, et les conditions sécuritaires constituent un challenge supplémentaire.
Profitant d’une fenêtre météo favorable, nous quittons Malé le 8 Mars. Partir d’Uligamu, au Nord des Maldives constitue un avantage d’un point de vue météo mais la probabilité de rencontrer des flottes de bateaux de pêches est beaucoup plus grande; Cat’Leya ne croisera qu’un bateau sri-lankais.
La navigation est facile avec du vent portant et une mer calme favorisant une bonne vitesse moyenne, 7 nœuds, malgré des périodes d’accalmie parcourues avec un moteur.
Après 4 jours de navigation, notre radar ne fonctionne plus, je monte au mât et le redescends dans le cockpit, c’est la courroie d’entraînement en polypropylène qui a lâché. Je tente une réparation à chaud mais çà ne tiendra pas longtemps; nous voilà sans radar…
Heureusement la zone de pêche est définitivement passée.
7 jours après notre départ, nous voici par le travers de Socotra, 1 jour plus tard nous nous positionnons à 4 miles au sud du rail IRTC et mettons le cap vers Djibouti.
Finalement il y a peu de cargos, il est vrai que de nombreux armateurs, BP, CA-CGM, EverGreen, Maersk, MSC, Hapg-Lloyd, etc… ont suspendu tout transit en Mer Rouge et ont dérouté leurs navires vers l’Afrique du sud.
Au coucher de soleil, nous apercevons un monocoque, sous voile d’avant seule, à quelques miles sur notre tribord, un appel radio restera infructueux, une heure et demie plus tard, nous le découvrons toujours sans AIS, et sans feu de navigation mais cette fois à moins de 200 mètres sous notre vent, petit moment de frayeur… Cette fois-ci il répond à nos appels et explique qu’il espère ainsi passer invisible… Vu la portée des feux de navigation (2 miles pour les feux de coques, 5 miles pour le feu de mât alors que nous naviguons à plus de 80 miles des côtes Yéménites), nos feux de navigation sont bien sûr allumés ainsi que notre AIS; c’est ce qui nous a été d’ailleurs conseillé par notre interlocuteur du MSCHOA qui peut ainsi nous suivre.
Puis nous entrons dans le golfe d’Aden, de temps à autre, une annonce radio au fort accent japonais nous incite à rapporter tout mouvement de bateau suspect, ou des échanges entre un avion de reconnaissance et la terre, etc… Bref, il ne s’est pas passé grand chose…
Nous voici à Djibouti en un peu moins de 12 jours, l’occasion de réparer le radar, faire le plein de gas-oil, quelques courses de frais et de bière (introuvable aux Maldives), et de dépenser 450 U$ de frais d’agent (sans compter les visas !) Les infrastructures datent de l’époque coloniale, les panneaux des bâtiments n’ont même pas été remplacés, gendarmerie nationale, laboratoire d’analyses, etc…
La présence uniquement française a été remplacée par une multiplication des bases militaires, française, américaine, chinoise, japonaise et italienne sans compter les navires de guerre des opérations menées dans la Mer Rouge; les loyers ainsi perçues par l’état sont estimés à 128 Millions d’Euros par an (la future base saoudienne devrait quasiment faire doubler ce nombre), somme manifestement insuffisante pour assurer un avenir à la population; le taux de chômage dépasse ici 60%, et nombreux sont les migrants de Somalie ou d’Éthiopie cherchant une vie meilleure. Le français est resté l’une des langues officielles et le supermarché d’à côté est un Géant Casino ( 21 Euros le kilo de bananes tout de même, mais des bananes dorés made in Saudi Arabia).
Les épisodes de vent portant sont désormais moins fréquents, et de surcroit de courte durée, nous voici donc partis 3 jours après notre arrivée pour Suakin, au Soudan, 590 Miles plus au Nord; cette fois, les choses sérieuses commencent…
Partis tôt, nous atteignons le détroit de Bab El Mandeb avant le coucher du soleil, nous croisons un navire de guerre, les annonces radio sont plus fréquentes.
Deux clandestins se sont invités à bord…
Nous nous positionnons cette fois entre les rails montant et descendant de façon à éviter tout problème avec les garde-côtes Érythréens. Le vent, la houle et les courants sont favorables, notre vitesse oscille entre 9 et 11 Noeuds ! Le lendemain nous passons par le travers des îles Hanish du Yemen. Il ne nous reste plus qu’à atteindre la latitude de la frontière saoudienne et nous serons sauvés ! Le vent faiblit et tourne au Nord comme prévu, nous prenons un cap vers la côte saoudienne afin de finir par un long bord au près tribord amure vers Suakin que nous atteignons au bout de 4 jours de traversée.
Le site est magnifique, Suakin est en fait une île relié au continent par un petit pont, au milieu d’un port naturel très protégé et facile d’accès, ce qui explique les milliers d’années de prospérité de la cité.
Suakin est probablement le port romain d’Evangelon Portus mentionné par Ptolémée. Le port a commencé à attirer les commerçants arabes au Xe siècle. Au XVe siècle, il était devenu un site de commerce essentiel pour l’Égypte mamelouk, attirant les marchands vénitiens et indiens, qui y faisaient du commerce jusqu’à l’invasion ottomane de 1517. C’est au cours de l’occupation ottomane que de nombreux bâtiments ont été construits en utilisant des blocs de corail.
Au milieu des ruines, 2 mosquées qui ont été rénovées, l’ancienne banque nationale d’Égypte, …
et un rapace, maître des lieux.
Aujourd’hui, Suakin est en plein déclin et ce, depuis que les britanniques ont construit port Soudan dans les années 1920. Les autorités ont peu à peu déplacer les administrations de sorte qu’il ne reste plus rien… Même les travaux de reconstruction de la cité débutés par la Turquie semblent arrêtés.
La pauvreté se lit sur la maigreur des quelques femmes aperçues et de certains enfants, les bâtiments ont fait place à un véritable bidon-ville, baraques de bois et de tôles, c’est la période du ramadan, mais il n’y a aucune activité visible… Le soir les hommes se rassemblent et dînent dans des « restaurants », mais où sont les femmes ? La guerre n’est pas très loin, là-bas dans le Sud, et pourtant, partout, ce sont des sourires qui nous accueillent.
Le drone donne un aperçu plus dramatique de l’ancienne cité.
Quelques minutes après avoir posé le drone, des militaires montent à bord et exigent de voir le drone… Ils veulent me conduire à leur bureau à terre. Je leur montre les photos… leur explique que tout les locaux voulaient des photos eux aussi, que le gardien de l’ancienne cité nous à autorisés à prendre des photos, et que personne ne m’a dit qu’il était interdit de faire voler un drone… Finalement, grâce à l’intervention de mon agent, Mohamed, ils conviennent d’un malentendu et m’expliquent que, le pays étant en guerre et n’ayant jamais vu de drone, ils pensaient être l’objet d’une attaque… Le soir ils sont invités à prendre un café à bord après le jeûne quotidien du ramadan.
Au départ de Suakin, nous envisagions de nous arrêter dans une marina sur la cote de l’Égypte. Mauvaise surprise, les formalités de « clearance » dans la Mer Rouge sont facturés pour un montant d’environ 1800 US$, sans compter les frais d’agent, les frais de marina, en gros 3000 US$ pour une semaine… Bienvenue en Égypte !
Nous visons donc un mouillage dans le Nord du Soudan près de l’Égypte, Marsa Oseif.
Ici aussi des militaires s’approchent et montent à bord, ils contrôlent notre « cruising permit », prennent contact avec notre agent et repartent… Le propriétaire d’un autre voilier me dira plus tard que, 9 ans plus tôt, il est a été détenu ici 9 jours…
Plus de surprise quant à la météo désormais, il faut si possible éviter le vent de Nord qui peut souffler à 30 nœuds et crée une mer courte et dure, et privilégier les conditions calmes, quitte à user des moteurs…
Le surlendemain, nous quittons le Soudan pour une navigation de plus de 300 miles et enfin, l’Égypte… Soma Bay à 200 miles de Port Suez.
Nous y retrouvons des voiliers partis avant nous et que nous suivons sur le groupe Red Sea. Le temps de quelques réparations et direction Port Suez.
Ces 200 miles furent agités, mer courte et hachée, vent dans le nez… on dirait la Méditerranée… dernier stop avant Suez et beau coucher de soleil.
Et nous voici enfin à Port Suez…
CAT’LEYA fait partie de la dizaine de bateaux qui on traversé la Mer Rouge cette année, ils sont fous ces gaulois !
Les Maldives : dernière étape avant le grand saut vers Djibouti
L. Gan, Fonadhoo, Kolamaafushi, Gan, ce sont les dernières étapes aux Maldives et je vous livre ici quelques souvenirs :
La religion des Maldives avant l’arrivée des musulmans était le bouddhisme mais toutes les traces ont été soigneusement effacées mis à part à L. Gan où l’on peut voir ce « dôme »… Une Organisation non gouvernementale gère la protection de ces sites et tente de redonner sa place à l’histoire…
Nous y avons assisté également à une « reconstitution » d’un mariage dans laquelle les habitants du village viennent apporter des cadeaux aux mariés comme le veut la tradition.
Un échantillon des plats typiques de la cuisine locale :
Kolamaafushi, Cat’leya et les autres voiliers amarrés au port.
C’est une impression mitigée que je conserverai des Maldives, la nature marine n’est plus ce qu’elle était, les fonds coralliens ont souvent disparus; blanchissement des coraux, tsunamis et agrandissement des zones habitables et bétonnage du littoral par remblaiement avec du sable et destruction des récifs … Et cependant les Maldiviens ont été fantastiques et si généreux… Mais il sera certainement très difficile au voyageur des marins de revivre une telle expérience en dehors de ce rallye qui, compte-tenu des problèmes d’organisation, a peu de chance d’être reconduit…
Quant à Hulhumalé, l’île artificielle construite au Nord immédiat de Male, c’est l’exacte image de mes propos; construite avec des fonds provenant de la Chine, nouveau partenaire depuis l’élection du dernier président, et où se multiplient des immeubles « For happy people » destinés on ne sait trop à qui… construits par des immigrés du Pakistan, du Sri Lanka ou de l’Inde… La veille de mon départ, un accord de défense militaire avec la Chine venait d’être signé et le partenaire historique, l’Inde, priée de rapatrier ses personnels militaires créant une crise diplomatique et l’arrêt des financements attribués par l’Inde.
Le 8 Mars, CAT’LEYA quitte les Maldives à destination de Djibouti… Les évènements qui perturbent le trafic en Mer Rouge ne semblent pas impacter les plaisanciers…
Avec l’aide d’un équipier croate, je quitte les Maldives pour une navigation de 1600 Miles avec peu de vent. Nous serons 3 bateaux français à partir au même moment, tous enregistrés auprès des autorités militaires qui protègent le trafic maritime dans la zone.
Les Maldives : Muli
La troisième étape du rallye nous amène à Muli.
Les organisateurs proposent tout d’abord une route passant à l’intérieur du lagon de Vaavu puis celui de Mulaku dans lequel se trouve l’île Muli.
N’ayant encore jamais navigué dans les atolls maldiviens, nous sommes plus que circonspects, d’autant que des orages peuvent éclater et rendre la navigation à vue impossible… Pour ma part, le vent dominant étant de Nord-Est, je choisis une route protégée de la houle a l’Ouest des 2 atolls et pour finir une route directe vers Muli; les images satellites de Bing sont très claires et les récifs émergeant peu nombreux et bien visibles.
La flotte suivra la première partie de cette route puis bifurquera vers l’Est, rencontrant une forte houle et des courants contraires avant de descendre vers Muli dans l’atoll Mulaku. Et, pire, des rafales violentes jusqu’à 35 Nœuds en ont surpris plusieurs, occasionnant des dommages sur les voiles d’avant…
Le mouillage ici est bien protégé et nous pourrons dormir tranquille.
Le matin suivant, un accueil mémorable nous est de nouveau réservé, musique, danses, visite de l’île, cuisine locale…
A l’école, les uniformes sont de rigueur, les valeurs enseignées sont rappelées sur le mur à l’entrée.
Un petit tour sur l’îlot voisin :
Mais pour apprécier la musique locale qui a certains airs africains, voici un extrait de la cérémonie d’accueil :
Les Maldives : première impression
680 Miles séparent Trincomalee de Male aux Maldives, bien que mon génois soit hors d’usage, 3 jours et demi de voile à une bonne moyenne me permettront d’atteindre ma destination dans de bonnes conditions de navigation avec le foc auto-vireur…
Malé n’est pas considéré comme un port d’entrée facile pour les formalités et Uligamu, au Nord, est souvent préféré…
En réalité, les formalités seront expédiées en 15 minutes à Malé grâce à mon agent, Asadhulla Mohamed.
Une fois admis, je peux aller mouiller le port, à Hulhumalé.
Hulhumalé a été bâtie juste au Nord de Malé qui devenait trop petite pour héberger la population, c’est une île artificielle construite par les Maldiviens et financée par la Chine; jour et nuit des ouvriers œuvrent à la construction d’immeubles d’habitation, « For happy people », selon les publicités chinoises…
Difficile de trouver un espace où mouiller tant il y a de bateaux de croisières plongée et de travail… Je n’ai qu’une envie, vite partir d’ici !
Je me suis inscrit au rallye Maldives 2024 qui doit nous amener au Sud de l’archipel en espérant découvrir un autre visage des Maldives…
Le 10 février, me voici à KudaGiri pour la cérémonie d’ouverture; le rallye est sponsorisé par le ministère du tourisme et notre première impression est que cette cérémonie est purement politique, ministres, sous-ministres, directeurs, sponsors, etc… et nous, les voileux, parqués au fond de la salle, preuve que le rallye est bien réel. Une navette nous ramène sur nos voiliers, il fait déjà nuit… Au premier voyage il heurte le premier voilier… cela n’augure rien de bon. Le mouillage est exposé au vent dominant et à la houle, nous sommes sur bouée mais j’ai mouillé 30 mètres de chaine au cas où … Durant la nuit, premier incident, Plato, le voilier chinois, se détache de sa bouée et vient heurter le même bateau déjà abîmé par la navette ! Pour eux, le rallye est terminé !
Tout le monde attend le guide du rallye qui nous a été promis à l’enregistrement, mais toujours rien… On nous promet un briefing avec les garde-côtes sur les conditions de navigation dans les atolls mais rien n’arrive non plus…
Une autre polémique anime le rallye; sans avertissement préalable, les Douanes des Maldives veulent imposer à chaque navire un « tracker » (chinois bien sûr), alors que de nombreux bateaux sont équipés de transpondeurs AIS; nous résisterons bien quelques jours mais finalement ils auront gain de cause après avoir accepter de ne pas nous faire payer la location et les services correspondants !
Pour notre première navigation nous rallions Fulidhoo, une trentaine de miles au Sud. Les organisateurs nous proposent de rentrer par le chenal (en trait rouge épais sur l’image de droite)…
Je leur signifie immédiatement mon refus et transmets ma route sur le groupe WhatsApp… En fait personne dans l’organisation n’a la moindre expérience de voile ! Un couple indien qui a participé au premier rallye et avait été ravi nous fait part de leur surprise sur cette édition, il se trouve que le responsable de l’époque a été débarqué par le nouveau pouvoir en place et un nouveau, parachuté quelques mois avant cette édition. A mon arrivée à Fulidhoo, j’aperçois des vagues qui déferlent dans le petit chenal… Le voilier indien, le plus lent de la flotte, se présentera à l’entrée du chenal, juste avant le coucher de soleil, et malgré ses appels pour être guider, comme convenu, par le bateau organisateur, n’obtiendra aucune aide. Son moteur n’est pas assez puissant pur contrer le houle et le courant et c’est grâce à l’appel de l’un des participants que les gardes-côtes iront lui porter assistance…
Désormais tout le monde a compris; n’espérons aucune aide ou conseil de l’organisation !
Heureusement, l’accueil à terre des Maldiviens est fantastique et va nous faire oublier, au fil des étapes, les manquements dangereux de l’organisation !
Les habitants sont sur leur 31, robe rouge brodées d’or pour les femmes, voilées pour la plupart, grand sourire.
Nous faisons un tour de l’île, mosquée, école, hôpital, partout des fauteuils pour s’arrêter un moment et profiter…
Puis les habitants nous font partager leur méthodes de travail ancestrales, fabrication de cordage, charpente marine, cuisine, etc…
La matinée se termine par le partage d’un repas traditionnel; décidément, comme dans le Sud-Est asiatique, Les Maldives hébergent un peuple très généreux !