Enfin un épisode de flux d’Est propice à mon départ de Chypre pour la Turquie !
Un peu plus de 200 miles à parcourir dont le tiers final se fera au bon plein sous 30 nœuds… autant dire que Cat’Leya ne traîne pas… Le soleil va se coucher, je décide donc de faire un stop sur une petite île grecque à quelques miles de ma destination turque, Kàs, dont les photos entrevues sur la toile m’ont vraiment fait penser à des cartes postales…
Le village est blotti au fond d’une baie, véritable port naturel , et je me dirige vers le site de mouillage indiqué sur la carte marine. Il est tard et je décide donc de ne contacter les autorités que le lendemain matin, j’ai tout de même envoyé mon drapeau de quarantaine au cas où; je suis européen et j’arrive de Chypre, cela ne devrait pas poser de problème…
L’accueil des autorités est pour le moins « froid », on me reproche de ne pas avoir contacter le maitre de port à la radio, de ne pas m’être amarré au quai (de nuit sans personne pour prendre mes amarres cela me paraissait un peu compliqué…) puis on me demande mon certificat d’assurance et mon permis de voile (par contre ma « clearance » de Chypre ne les intéresse pas…). Après avoir fourni les documents, je suis finalement conduit au poste de police pour les vérifications d’immigration… Le temps passe, il est 19 heures, et quand je reviens à bord, ce sont des rafales de vent à 27 nœuds qui m’accueillent, il fait nuit, personne sur le quai… Je contacte le bureau du maitre de port par radio et lui indique que, vues les conditions météo, je ne pourrais m’amarrer au quai que le lendemain matin… Il me répond que ce n’est pas possible car demain un ferry doit venir et qu’il me faut déplacer le bateau immédiatement ! Le dialogue de sourd se poursuit jusqu’à ce qu’il convienne du fait que le ferry n’arrivera que l’après-midi…
L’épisode de bienvenue à la grecque se poursuit le lendemain matin, un policier m’interpelle du quai exigeant ma manoeuvre d’amarrage sans délai, avec un ton digne d’un bof s’adressant à son chien… Lorsque j’arrive à quelques mètres du quai, avec du vent de travers, je lui lance une amarre; il la regarde, ne la saisis pas et me dit « c’est pas une marina ici ! » Je lui explique que dans ce cas, je vais reprendre mon mouillage… BIENVENUE EN GRÈCE ! Finalement après quelques palabres un peu bruyantes et des noms d’oiseau, tout rentre dans l’ordre mais la maitre de port vient en plus me sermonner… L’histoire se répètera le lendemain où, alors que viens aider un autre voilier mené en solitaire qui me sollicite, je me fais littéralement engueuler car je fais le boulot de l’agent… C’était donc ça le fin mot de l’histoire !
Les jours suivants, je me tiens bien éloignés des uniformes et peut ainsi jouir du village aux maisons trop propres et aux couleurs trop vives pour être d’époque… Kastellhorizo a d’ailleurs servi de lieu de tournage au film italien Mediterraneo réalisé par Gabriele Salvatores en 1991. Le village a en fait été quasiment détruit durant la seconde guerre mondiale par l’explosion d’un stock d’essence, et a été reconstruit partiellement par la suite.
Ceci étant, l’île est très photogénique…
Et il y a même de vrais pêcheurs…
… qui, le week-end venu, se transforment en « promène-couillons ».