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Et de 2 pour CAT’LEYA ! Première victoire d’un catamaran français !

Les résultats officiels de l’ARC sont enfin tombés… Après l’article décapant d’Elaine dans YachtingWorld, le manager de l’ARC a contacté les équipiers du catamaran soupçonné de fraude pour d’obtenir confirmation :

« Good morning Jean-Pierre, You will notice that amended ARC+ results have now been posted on the website, following a discussion I have had with the owner of Spirit….Whilst the matter is now closed, I will be looking at how we change our events to better reflect the emphasis on non-competitive cruising, and how to better monitor engine hours of yachts participating in them.Kind regards »

Beau cadeau de Noël Mr. Bishop ! Et bonne chance pour les prochains rallyes…

CAT’LEYA est donc premier en temps compensé de la classe Multicoques sur la transat ARC+ 2016 !

Et en plus, c’est la première fois qu’un catamaran français remporte une victoire sur l’une des épreuves de l’ARC !

Ceci clôt notre ARC+ 2016 et maintenant vive les vacances !

Enfin… il faut d’abord remettre CAT’LEYA en état à 100%, faire intervenir le partenaire LAGOON pour régler les petites défaillances que nous avons vécues (en particulier la casse de la drisse de GV…), remplacer les joints spi de l’un des Saildrive, réparer la GV,  etc…

Nous voici donc au ponton du chantier Carènantilles dans l’attente de la sortie d’eau… Et voilà que se présente dans la darse un bateau de pêche d’une vingtaine de mètres… énorme. Totu à coup le pilote sort en hurlant qu’il n’a plus de barre… bien entendu à ce moment rafale de vent traversier et qui est là pour recevoir le monstre… CAT’LEYA… Finalement plus de peur que de mal, CAT’LEYA encaissera les 80 tonnes en douceur ! Pour la petite histoire lors de sa remise à l’eau le bateau de pêche tombera sur le côté, écrasant les bers… Il faut vite qu’il quitte le chantier celui-ci !

Après quelques jours à terre, antifiouling neuf, nous revoici dans notre élément au mouillage au Marin.

Mais où est passé CAT’LEYA ?

16 novembre 2016 12h30 :  15′ avant le départ, nous finissons juste d’installer la pièce de fixation du bout dehors à la poutre avant… Il reste encore quelques lattes à remplacer…

12H40 : c’est bon, nous larguons les amarres, il nous reste 5′ pour hisser les voiles et rejoindre la ligne de départ au moteur; nous passons donc la ligne en bon dernier cette fois sous GV et Génois. Pendant que nous préparons le spi, nous choisissons une route plus lofée, dans le couloir inter-îles (entre Sao Vicente et San Anton), de manière à faire de la vitesse.

Une fois le spi asymétrique en place, nous abattons en prenant bien soin de laisser San Anton à notre tribord et suffisamment loin pour ne pas subir son dévent.

L’effet Venturi qui devrait s’étendre sur 50 miles au Sud-Ouest ne fonctionne pas, CAT’LEYA tire des bords nous croisons et recroisons la flotte… et ça marche !

Petit à petit nous reprenons les autres concurrents mais notre stratégie est de partir dans le Nord, il nous suffit d’attendre d’être suffisamment loin de San Anton…

J’ai bien étudié la météo, et une onde tropicale d’Ouest se présente… très petits airs en prévision sur la route orthodromique que pourtant tout le monde va suivre sauf 3  bateaux, CATLEYA, SHAMAL et MARIELA. J’apprendrai plus tard qu’ils sont routés par un routeur « professionnel ».

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Et il faut aller vite car la dépression va ensuite partir vers le Nord et il nous faut profiter du vent qu’elle amène avec elle (sens inverse des aiguilles d’une montre au Nord de la dépression donc bon pour nous pour faire de l’Ouest !)

Les jours qui vont suivre sont durs pour le moral nous dégringolons jusqu’à la 55ème place !

Mais je rassure l’équipage, ça va payer !

Derrière SHAMAL et MARIELA on « jeté l’éponge » ils sont partis vers l’Ouest ce qui pour moi est à ce moment la pire des stratégies. Effectivement à l’arrivée, ils auront fait beaucoup de moteur…

Le routage du 23 Novembre avec les gribs montre bien la dépression ainsi que les conditions plus que faibles qui sévissent sur la route directe…

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Nous continuerons ainsi notre montée jusqu’à la latitude des Bahamas, tandis qu’à terre tout le monde pense que le skipper à pété un câble !

J’enverrai même un mail à l’ARC : « Nous venons de croiser des baleines, des pingouins, des lions de mer… Portons nos combinaisons arctiques… Finalement nous partons sur Cheasapeake Bay ! »

et recevrons en réponse : « Attention aux icebergs… »

Nous avons du vent, la mer est belle et CATLEYA file bien plus vite que tout ceux « d’en bas »… Le moral est au beau fixe, nous remontons inéluctablement dans le classement et avons une pensée émue pour les heures moteurs évitées…

Nous nous surprenons à penser à une arrivée dans les 10 premiers, mais je tempère notre optimisme car, depuis le départ, je sais que l’arrivée sera compliquée par une dépression qui va traverser l’Atlantique….

Les nuits c’est le festival des grains, éclairs, pluie battante, saute de vent… Il faut gérer, on se détourne, on affale, on fait du moteur en fuite, etc.. Heureusement qu’il y a le radar pour repérer et suivre les déplacements des grains.

Un soir nous apercevons RAMBLER 88 à l’AIS, à quelques 20m miles de notre position, notre stratégie était donc bonne ! Il battra finalement le record de l’ARC !

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Nous attaquons la descente plus difficilement et tout à coup plus de GV, la drisse s’est cassée !

Il faut monter au mât (27mètres au-dessus du niveau de la mer) en plein Atlantique et qui s’y colle ? Moi bien sûr, moteur et CATLEYA file vent arrière pour minimiser les mouvements de roulis et de tangage. Il nous faudra quelques heures pour repasser une nouvelle drisse et repartir…

Mais ce n’est pas fini, le lendemain de nouveau GV en bas, cette fois c’est la sangle de têtière qui s’est décousue (décidément, notre maître-voilier a des problèmes avec le coutures ! ) fixation de fortune il faut que ça tienne… et ça tiendra !

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Les 2 derniers jours nous serons au près…

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Finalement nous arriverons le 30 à 9h03 locales soit 13 jours après notre départ de Mindelo, 4ème de la flotte,  avec peu d’heures de moteur par rapport aux déclarations des concurrents honnêtes.

Et oui, il faut savoir qu’une heure moteur coûte 1,8 heure mais que le nombre d’heures est purement déclaratif.. Comme chaque année les tricheurs sont nombreux… et leurs motivations parfois peu claires… Ainsi le premier arrivé déclare 5 heures et en réalité a fait du moteur pendant 11 jours sur l’orthodromie (dixit les 2 membres d’équipage très remontés de leur expérience de motor-sailing). La skipper est un ancien propriétaire de bateau moteur, il sait faire. (Lors de notre première rencontre à Madère, ils nous confiait ne pas savoir utiliser un spi. Pour leur premier test, ils avaient tout simplement mis les écoutes et envoyé… sans les bras. L’affalage rendu nécessaire immédiatement a été compliqué vous imaginez…)  Comment est-ce possible? Un Lagoon 450 emporte 1000 l de gas-oil, celui-ci avait plus de 500 l en jerricans, il utilisait un seul moteur, consommation estimée à bas régime 3.5l, cela laisse de la marge pour le groupe électrogène… Et cela suffit pour créer un vent apparent  qui permet de naviguer avec un code 0 au largue ! Tout ça pour se venger de l’ARC d’une quatrième place dans le leg 1 car le premier aurait fait plus d’heures moteur que déclarées. A sa décharge cela fait des années que les classements sont « pourris » par les tricheurs au moteur et rien ne change au niveau  de l’ARC ! Et pourtant là c’est évident, le bateau a suivi rigoureusement l’orthodromie, il suffit de comparer sa vitesse avec les bateaux voisins pour se rendre compte de la supercherie… qui plus est au code0 alors qu’il possède un Parasailor…

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Quant à la pêche, elle ne fut pas « miraculeuse », 12 touches dont un espadon remonté à quelques centimètres du bateau, qu’un coup de queue opportun aura vite remis à flot… Et 2 prises, 2 barracudas dont un beau spécimen, auront tout de même agrémenté notre quotidien fort gouteux.

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Nous avons testé de nombreuses configurations de voile rendues possibles grâce aux 2 tangons et aux 3 fixations installées sur CATLEYA.

Ainsi se termine notre ARC+ 2016 !

And the winner is…

6 novembre 2016 :  H-2 Cat’Leya est dans la baie de Las Palmas, le vent est très faible et Chris TIBBS, le météorologue de l’ARC, nous a annoncé du Sud. Nous allons plus au large mais c’est du Nord très, modéré, le départ va être lent…

Dès que le bateau comité se positionne  nous revenons dans la zone de départ pour relever la ligne et pour permettre à Denis de prendre un repère visuel afin de lancer le bateau dans les temps.

Nous préparons le Code 0 au cas où le Sud rentrerait, dans ce cas il faudra s’attendre à 10 à 15 noeuds de vent de plus au sud de l’île vers l’aéroport.

H-5′ je lance la procédure , demi-tour sur la ligne et nous remontons au près pendant 2′, nous avons choisi le bateau comité pour prendre le départ tribord amure , ce qui nous permettra ‘avoir plus de choix.

H-2’ nous avons abattu, le départ se fera vent arrière… sous génois et grand voile, CAT’LEYA est lancé (enfin si on peut dire compte-tenu de la force du vent…), les moteurs arrêtés et nous coupons la ligne en tête tout près du bateau comité. Nous envoyons le code0 Les quelques heures suivantes seront sympas, bateaux au contact, Sumore, le lagoon 570 nous talonne sous code0 également, mais le vent est toujours du Nord…

Finalement Dreamcatcher lance la course au moteur… Nous savons que les heures moteur (déclarées…) sont sujettes à  handicap mais compte-tenu de la vitesse du bateau sous moteur, il vaut mieux les utiliser à moins de 4,7 noeuds pour ce qui nous concerne. Cela durera 24 heures mais grâce à une bonne gestion des voiles nous serons de nouveau rapidement en tête.

La « régate » a vraiment commencé, nous envoyons le nouveau spi, chargeons les grib lançons un routage afin d’avoir une information  globale et gérons les voiles au mieux, nuit et jour.

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Çà paye 227 miles en une journée ! les bateau sont bien distancés, plus de 30 miles…

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Pour creuser l’écart, je me mets au réglage spi, choquer, border au gré des surfs de CAT’LEYA, 19.9 max sur l’électronique…. Ça fume derrière ! La moyenne monte à 10,3 noeuds… Mais ça ne durera pas une nouvelle fois le spi explose…. 1 heure et demie à galérer, le spi, en chalutant, a arraché  la fixation du bout dehors… Les monocoques reviennent par l’Ouest, il va falloir gérer. La décision est prise de faire un bord de recentrage pour contrôler ce qui peut l’être encore.

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Nous tangonnons le génois et envoyer le foc de brise pour fermer le couloir, puis descente vent arrière vers l’arrivée, nous allons moins vite mais chaque mile parcouru nous rapproche directement de l’arrivée…

img_0397Les monocoques sont toujours plus prêts… Cela s’avèrera une excellente décision car notre vitesse moyenne VMG oscillera entre 8,3 et 8,8 noeuds, nous sommes assurés d’arrivé premier !

Un peu avant 23 heures, le 10 novembre, nous coupons la ligne d’arrivée, premier de la flotte de 72 bateaux, super accueil d’Anna et de ses collègues de l’ARC, Champagne et bière locale…

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Le lendemain la marina de Mindelo viendra également nous féliciter, … et pas que la marina…

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Reste à préparer la suite du voyage !