King Island, enfin la Tasmanie !

110 miles de traversée seulement vers Grassy, le seul vrai port de King Island, mais on ne plaisante pas avec le détroit de Bass… Même si notre navigation entre Eden et Port Franklin, notre premier contact avec  le détroit de Bass, a été tranquille, nous avons pris toutes les précautions avec le météo ; 15 nœuds d’est sont annoncés avec une petite houle de sud-ouest, idéal pour une navigation sud… Le routage prévoit 12 heures de navigation.

Afin d’arriver de jour, nous quittons Sorrento vers 22 heures. La marée basse à l’entrée de la Baie de Philipp est à 20h30, ce qui nous place dans la meilleure fenêtre pour sortir, 3 heures après l’étale de marée basse. En effet, la baie est tellement grande que le courant à l’entrée est toujours sortant et il faut veiller à le minimiser afin que la houle de sud ne crée pas de vagues énormes par la combinaison de la variation brutale de profondeur et un courant contraire… Ça, c’est la théorie car, quand nous arrivons à la sortie de la baie dans le chenal, Cat’leya se fait cueillir par des vagues de 2-3 mètres et je suis bien content d’avoir 2 fois 80 CV pour avancer… Heureusement, cela ne dure pas bien longtemps mais la houle est bien présente et augure d’une traversée inconfortable…

11 heures plus tard, nous apercevons Grassy, je positionne le bateau sur la route d’approche comme indiqué sur la carte. Là, nous prenons une bouée publique et un peu de repos.

King Island, plus de 140 000 wallabys, des milliers de vaches, les « petits pingouins » et quelques humains (1600)…

Grassy Harbour est un petit port de pêche spécialisé dans les « cray fish ».

Pendant longtemps, Grassy s’est développée grâce à sa mine de tungstène. Après plusieurs années de fermeture, l’activité vient de reprendre avec la hausse des prix… Nous irons un soir diner dans les locaux du  club local de rugby qui sert de réfectoire aux ouvriers de la mine où l’on nous servira un bon repas pour 20 AU$ !

Tous les soirs les petits pingouins rentrent à terre après une journée de pêche pour nourrir leurs petits. Nul besoin de chercher bien loin ils sont partout à la tombée de la nuit, par petits groupes, à rejoindre la berge en procession… (Le film a été pris avec un flash rouge)

Nous profitons de quelques jours d’attente de conditions météo favorables pour faire le tour de l’ile.

Sur la cote Ouest se trouve la ville la plus importante de King Island ; Currie. C’est aussi un port de pêche à la langouste mais les quotas imposés pour protéger les ressources ont décimé la flotte qui ne compte plus que quelques navires.

Nous longeons des paysages de dunes d’herbes jaunies par le soleil qui ondulent au vent.

Plus au nord, « Calcified Forest », un désert de racines calcifiés…

Enfin, l’histoire nous rattrape au Cap Wickham …

… avec le transport des migrants et forçats entre l’Angleterre et l’Australie…

Notre premier contact avec le Tasmanie fut en effet le lieu de plus de 60 naufrages recensés ! Le pire de ces naufrages fut celui du Cataraqui dont voici le récit :

Le Cataraqui était un bateau de 815 tonnes et de 73 mètres de long construit au Québec, au Canada, en 1840. William Smith and Sons de Liverpool, en Angleterre, ont acheté le navire avec l’intention de transporter des émigrants en Australie. Il appareilla pour Melbourne depuis Liverpool le 20 avril 1845 sous le commandement du capitaine Christopher Findlay. De nombreux passagers britanniques et irlandais à bord étaient des émigrants subventionnés par l’état. Le Cataraqui transportait 411 personnes, dont 367 émigrants, dont beaucoup de femmes et d’enfants voyageant en famille, et 44 membres d’équipage. Pendant le voyage, un membre d’équipage est passé par-dessus bord, six personnes sont mortes et cinq bébés sont nés, soit un total de 409 personnes à bord. Alors que le navire traversait l’océan Austral, il endura quinze jours de gros temps. Findlay s’est préparé à entrer dans le détroit de Bass, sans se rendre compte que les tempêtes avaient fait dériver le navire 160 kilomètres plus à l’est qu’il ne le pensait.
Le détroit de Bass était devenu un raccourci populaire pour la navigation entre l’Angleterre et Sydney après sa découverte en 1798-1799. L’itinéraire a permis aux marins de gagner environ une semaine de temps de navigation en évitant une circumnavigation de la Tasmanie. Le gain de temps a un coût : des vents forts, des courants incertains et des cartes incomplètes et imparfaites du littoral rendent la traversée périlleuse. King Island, située à l’entrée ouest du détroit de Bass, a un littoral qui comprend des récifs et des rochers déchiquetés s’étendant jusqu’à deux kilomètres au large. En 1845, il était pratiquement inhabité.

A 4h30 du matin le lundi 4 août 1845 par temps orageux, le Cataraqui heurta un récif sur la côte ouest de King Island à moins de 100 mètres du rivage. Environ 300 passagers grimpèrent sur le pont, avec de grosses vagues emportant certains dans la mer. Une demie-heure plus tard, le navire s’est incliné à bâbord et les passagers piégés sous les ponts se sont noyés alors que le navire se remplissait d’eau. Le lendemain matin, quelque 200 passagers et membres d’équipage survivants sont toujours accrochés au pont, mais à 16 heures, le navire se brise en deux, envoyant 100 survivants dans les eaux turbulentes. L’équipage a tenté de lancer une bouée de sauvetage jusqu’au rivage, mais celle-ci s’est prise dans du varech à 20 mètres de la plage. À 17 heures, l’épave s’est encore désintégrée, laissant environ 70 survivants agrippés à la proue. L’équipage a lancé un barque, mais elle a chaviré dans des conditions très difficiles, noyant les six personnes à bord. La corde de la bouée a été récupérée et utilisée pour attacher les survivants au pont pendant la nuit alors que le temps orageux persistait. Mais les pertes ont continué d’augmenter, avec seulement 30 personnes en vie le lendemain matin. Ceux qui restaient ont tenté de rejoindre le rivage sur des débris flottants, peu de temps avant que le navire ne coule. Il n’y avait que neuf survivants – un passager, Solomon Brown, et huit membres d’équipage. Quatre cents passagers et membres d’équipage avaient péri dans la catastrophe.
Les survivants avaient peu de nourriture et pas d’eau, et se sont abrités pendant la nuit sous une couverture humide de l’épave.

Le lendemain, David Howie, un ancien condamné qui se trouvait sur l’île pour échanger des peaux d’animaux avec des habitants aborigènes, a découvert les survivants après avoir remarqué une épave dans l’eau. Howie a fourni un abri et des provisions aux survivants, mais comme son propre bateau avait fait naufrage, il n’avait aucun moyen de les aider à quitter l’île. Cinq semaines plus tard, le 7 septembre, un navire de passage, le Midge, a secouru le groupe et les a emmenés à Melbourne. En quelques semaines, l’épave a été vendue aux enchères et le surintendant du district de Port Phillip, Charles La Trobe, s’est arrangé pour que Howie enterre les victimes du naufrage sur King Island. L’Amirauté a interdit l’utilisation du détroit de Bass à partir de 1846, jusqu’à l’achèvement d’un phare à Cape Otway sur le continent en 1848. Les phares de King Island ont été achevés à Cape Wickham en 1851 et à Currie en 1879. Même ainsi, les navires ont continué à faire naufrage le long les côtes de l’île tout au long du XIXe siècle.

Sur la cote Est, une longue plage fait le bonheur des surfeurs

Les abords ne sont malheureusement pas toujours aussi accueillants; nous sommes par 40 degrés de latitude Sud !

Nous terminons cette belle découverte par le village de Narracoopa juste au Nord de Grassy.

 

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