Mouillé à Faaite, j’attends une fenêtre météo pour rejoindre les Gambier, situés à l’Est Sud-Est, à près de 700 miles. C’est pour la fin de semaine au moins 4 jours de Nord, avec un vent faible mais travers à la route. De Faaite, je choisi la route Qui passe au Nord de l’atoll, si le vent vire un peu à l’Est, je pourrai toujours abattre un peu grâce au Nord que j’aurai « engranger » au départ…
Le premier jour est calme, le vent un peu plus calme qu’annoncé, la mer est relativement belle ; CAT’LEYA avance tranquillement… Le lendemain, la mer devient plus agitée, les grains se succèdent à des périodes de pétoles au moteur, je n’arrête pas de gréer le Code0 et de l’enrouler avant les grains… Enfin la météo s’améliore et le vent est plus stable, le speedo retrouve des valeurs habituelles au -dessus de 8 kts. A cette allure, ce sera une arrivée à la tombée de la nuit et une entrée dans le lagon de nuit… A la lecture des comptes-rendus des navigateurs les cartes sont précises et le chenal jusqu’à la ville principale de l’archipel, Rikitea, bien balisé.
Je me présente donc à 21h30 devant la passe Nord-Ouest, qui n’est pas vraiment une passe car de ce côté-ci le lagon des Gambier n’est pas affleurant. Reste que les balises du chenal ne sont pas éclairées… Mais j’ai programmé la route jusqu’au mouillage final, à l’approche d’une balise, je suis à l’avant avec la torche, vitesse réduite, et heureusement, le haut des balises est équipé de réflecteurs… Je laisse la première tribord à 5mètres et progresse tranquillement vers Rikitea. Il y a plus de 10 miles à parcourir et la fin se rétrécit. A 1h du matin, je jette l’ancre à Mangareva, contrat rempli ; CAT’LEYA est aux Gambier !
Avec le soleil du matin, je découvre une nature verdoyante et sauvage avec du relief, 2 sommets de 400 mètres, qui me rappelle les Marquises mais ici l’eau est turquoise. De ce côté nous sommes protégés de la houle par le platier et du vent par la montagne…
Les Gambier constituent un archipel à l’économie florissante grâce à la culture des huitres perlières, et celles des Gambier sont réputées. La baie de Mangareva opposée au village de Rikitea abrite la plupart des fermes d’élevage, ouverte à l’océan, les huitres y trouvent une eau sans cesse renouvelée et une lumière particulière au coucher du soleil qui leur donnerait des irisations particulières…
Au village je ferai la connaissance d’un mangarevien, Barry, qui s’occupe de protection de la Nature et ici sur Rikitea d’une zone à flanc de montagne où sont recensées et protégées des espèces endémiques.
Nous partons donc un matin à l’assaut du mont Makoto, 423m d’altitude… Nous passons à côté de la chapelle Ste Anne puis de la cathédrale St Michel, édifice imposant et peut-être le plus grand de la Polynésie française. Plus loin la chapelle St Pierre abrite le tombeau du dernier roi de Mangareva. Nous croisons l’ancien couvent de Rouru qui côtoie la « baignoire de la reine », rebaptisée ainsi par les missionnaires qui voulaient effacer les coutumes païennes des habitants. Cette baignoire servait en fait à purifier les âmes des morts lors des cérémonies religieuses…
Le chemin des 12 apôtres nous amènent ainsi au bas de la falaise du mont Mokoto. Durant l’ascension les pinus (pins caraïbes) succèdent aux falcatas puis ces sont les bois de fers. C’est la saison de framboises, fleurs et fruits éclairent les sous-bois.
Enfin le sommet, le panorama bien entendu est magnifique, on aperçoit Taravai, notre prochaine destination au Sud-Ouest, l’île d’Akamaru, Aukena et les motus au fond près de l’aéroport.
Au retour, Barry me fait visiter le parc qui abrite les derniers vestiges de la forêt naturelle de Mangareva où poussent des espèces endémiques qui pour certaines sont en voie de disparition.
Au mouillage, je fais connaissance de plusieurs voiliers et nous nous donnons rendez-vous chez Edouard et Denise à Taravai. Le jour suivant, je lève l’ancre et m’engage dans le chenal prudemment vers l’îlot d’Agakauitai.
Avec Jean, Lolo et Antoine, nous partons le lendemain en expédition vers le village de Taravai, le chemin a été nettoyés par d’autres plaisanciers et nous mène à l’église St Gabriel.
L’ancien village n’est aujourd’hui habité que par 2 familles dont Hervé et Valérie qui nous invitent à prendre une boisson et nous encourage à revenir mouiller dans la baie devant chez eux pour un barbecue.
Au retour cueillette de citrons pour Edouard et Denise, le bateau de ravitaillement sera là lundi et les amènera à Papeete.
Tous les deux préparent une petite fête pour le dimanche où je suis gentiment invité, au menu, four tahitien !
A 8heures, le four (un trou dans le sol) est déjà en train de brûler et des roches ont été posées sur les braises, du cochon et de la chèvre sauvages sont préparés dans des paniers en feuille de coco et disposés au fond du four qui est ensuite recouvert de sable.
Après quelques heures, le four est rouvert, le repas peut commencer…
Le jour suivant, le Taporo, le bateau ravitailleur arrive à Rikitea, c’est ;l’occasion de refaire du gas-oil s’il y en a, normalement il faut passer commande avant son départ de Papeete… Tous les voiliers quittent le mouillage de Taravai pour rejoindre Rikitea. Le Taporo est arrivé la veille et finit de décharger… Finalement, tout s’arrange, pas de problème pour prendre 300l, CAT’LEYA vient s’amarrer à l’arrière du Taporo pour faire le plein puis je rejoins le mouillage.
L’Aranui, un bateau ravitailleur qui transporte aussi des passagers en croisière, est là aussi avant de traverser pour Pitcairn, la fameuse île où se sont installés les révoltés du Bounty, mouillé en plein chenal. Les 2 cargos doivent appareiller ensemble vers midi.
Je mets à profit cette nouvelle escale à Mangareva pour faire l’ascension du Mont Duff, le plus haut sommet avec 445m. Le sentier est beaucoup moins bien entretenu et la montée sévère nous offre de belles vues sur le mont Mokoto. Au sommet c’est la récompense avec un magnifique panorama !
Merci pour ce partage
Très belles photos !!
Les Gambiers ça donne vraiment envie…
Alain Aiguier (Toulon)
Pas simple mais tout c’est bien passé, fais attention à toi frérot . La bise